lundi 25 janvier 2010

SAINT-PAL & PHILIPPIER voyagent

    Le 10 janvier 1793, M. de SAINT-PAL se rend chez son voisin, Jean Baptiste Aimé CAILLAUD, juge de paix, officier de police et de sécurité du canton du Tablier. Il a appris la veille, alors qu’il revenait d’un « assez long voyage », qu’une quinzaine  de personnes - des notables des environs du Tablier pour la plupart - avaient comparu le 29 décembre, devant le tribunal de police correctionnelle siégeant au Tablier, pour une affaire le concernant.
    Il apprend alors qu’il est prévenu des crimes d’émigration, d’embauchage pour l’armée des émigrés et de soulèvement de citoyens contre la Constitution. Pour réfuter ces accusations colportées par la rumeur publique, il explique qu’appelé à Paris pour affaires personnelles dans le cadre de l’action qu’il menait contre son épouse, il était parti pour Paris le 16 janvier (1792) avec le sieur PHILIPPIER. La veille, il avait envoyé son domestique chez Jérôme AULNEAU pour lui faire signer « un certificat pour aller à Paris ».  Arrivé dans la capitale dix jours plus tard, il y était resté jusqu’au 21 avril, date à laquelle il y avait laissé PHILIPPIER qui y habitait *.
    Les allées et venues des deux amis intéressent CAILLAUD car Pierre " Victor " PHILIPPIER**, sr de Fonbrette (Fombrette, Foubrette), ancien capitaine canonier, d'une famille originaire de St Vincent sur Graon, fils de Pierre PHILIPPIER et d’Angélique Elisabeth BRETINEAU (BRETINAUD)***, est, comme SAINT-PAL, un gentilhomme de réputation violente dont les propos sont connus pour n’être pas favorables aux principes révolutionnaires. CAILLAUD les soupçonne d’avoir entretenu des correspondances aves les émigrés, d’être sortis de France et même de s’être rendus à Mons  (où le 27 avril, Biron qui commandait une colonne de l’armée de Rochambeau fut mis en déroute par celle de Brunswick composée en partie d’émigrés).
   CAILLAUD n’ignore pas que peu après le début de leur voyage, SAINT-PAL et PHILIPPIER ont été arrêtés près de Sainte-Hermine, à Saint-Juire(-Champgillon) pour vérification de leurs passeports et contrôle du numéraire qu’ils transportaient. PHILIPPIER en était d’ailleurs plus pourvu que SAINT-PAL.
     Le juge soupçonne aussi SAINT-PAL d’avoir eu connaissance d’une lettre envoyée à PHILIPPIER en juillet 1792 l’invitant à se rendre à Paris pour remettre le roi sur le trône. SAINT-PAL lui fait remarquer qu’il est parti du Tablier dès le 26 juin pour se rendre à Saint-Maixent où l’appelaient les affaires avec sa femme. Il précise qu’il y est arrivé le 29 et qu’il y a résidé jusqu’au 27 juillet.
    Les réponses de SAINT-PAL ne convainquent pas CAILLAUD qui dresse à son encontre un mandat d’arrêt en vue d’un transfert à la maison d’arrêt du District de La Roche sur Yon. Incarcéré le 18 janvier, SAINT-PAL en ressortira libre, le 29. Quant à PHILIPPIER, il émigra bien en 1792.

* A Paris depuis 1792, il habitait 61 rue Betizy le 2 novembre 1793.
** né au Bourg sous La Roche le 1.9.1742.
***  mariés le 17.9.1737 au Bourg sous La Roche ; elle est décédée le 26.9.1782, et lui au Fougeré en octobre 1748. Voir une partie de leur généalogie sur l'Annuaire de la Société d'Emulation de la Vendée, 1955, p. 16 (Arch Vendée, vue 11).

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