mardi 6 mars 2018

Jeanne MARTINEAU épouse de Louis VINCENT, du Tablier, a-t'elle été brûlée vive ?


ATTENTION. La version qui suit (21.03.2018) remplace entièrement la précédente.

 L'histoire de cette  " femme du Tablier, nommée MARTINEAU, épouse de VINCENT, père du porte-drapeau " de CHARETTE, a été racontée par Henri BOURGEOIS dans le n° 175 de la revue " La Vendée Historique " datée du 5 avril 1904 (page 146), puis reprise par lui, la même année,  dans  le tome II de " La Vendée d'autrefois (Archives du Bas-Poitou) "  consacré au canton de La Roche-sur-Yon (page 283).
   
     Voici le court récit qui lui fut consacré :

     " Une femme du Tablier, nommée Martineau, épouse de Vincent, père du porte-drapeau , avait été porter un peu de blé à moudre au moulin du Plessis de Rosnay, qui, appartenant à un meunier patriote, avait seul été épargné dans cette immense dévastation. Elle s'y trouvait avec treize autres personnes, y compris le meunier, lorsque les Bleus arrivèrent. Après avoir fermé au dehors la porte du moulin, ces abominables incendiaires y mirent le feu et brûlèrent tout vivants ces quatorze malheureux ."

     Le même article précisait que le porte-drapeau de CHARETTE, se nommait Louis VINCENT, qu'il habitait au Fief du Tablier, qu'il était décédé plus qu'octogénaire et que c'était lui qui avait raconté à M. Adolphe de BREM une partie des anecdotes que celui-ci avait consignées dans des Notes inédites communiquées à Henri BOURGEOIS (N.B : les originaux de ces Notes auraient disparu lors de l'occupation allemande sur la côte vendéenne. Peut-être en reste-t'il une copie dans les archives d'Henri BOURGEOIS ?)

    Adolphe de BREM était né Hippolythe Emmanuel Adolphe MARCETTEAU  le 27 mai 1808 à Saint Nicolas de Brem - Brem-sur-Mer (Vendée). Ce n'est qu'en 1867 qu'il fut autorisé à à ajouter à son nom patronymique celui de " de BREM ", et à s'appeler, à l'avenir, " MARCETTEAU de BREM ". Il est décédé le 10 juin 1888 à Luçon (Vendée) à l’âge de 80 ans.
     Il publia de nombreux ouvrages, tels son " Histoire Populaire des Guerres de Vendée " (1852), les six volumes de " Chroniques et Légendes de la Vendée Militaire " (1860-1862), " Les aventures du Bonhomme Quatorze" (1882) etc., qui lui valurent d'être surnommé " le Walter Scott vendéen ".

      L'ancien porte-drapeau de CHARETTE ne pouvait être que ce Louis VINCENT, propriétaire, qui est décédé le 23 juin 1862, à 89 ans, au Fief du Tablier où il demeurait. L'acte (vue 52/91) précise, sur la déclaration de son petit-fils, Joseph VINCENT, 43 ans (° vers 1819), propriétaire au Fief du Tablier,  que Louis VINCENT était veuf de Jeanne BIGAUD et fils de Pierre VINCENT et de Marie MARTINEAU, tous deux décédés.

     Louis VINCENT avait été en effet l'époux de Jeanne BIGAUD (née le 11 avril 1771 à Château-Guibert - date indiquée dans son acte de mariage de 1813 - et décédée à 70 ans (° vers 1766) avec laquelle il s'était uni religieusement devant MOREAU, curé de St Nicolas de La Chaize-le-Vicomte, le 10 février 1795 (registre clandestin, vue 26/080), puis au Tablier le 22 septembre 1813 (vue 118/249). Ce  mariage civil contenant légitimation de  deux de leurs enfants, Louis VINCENT, né vers 1794 et Jeanne VINCENT, née vers 1801, on peut supposer qu'il a eu lieu uniquement pour cette raison.

     Mais en réalité, Louis VINCENT-BIGAUD n'était pas, comme l'avait déclaré Joseph VINCENT, son petit-fils,  issu de Pierre VINCENT et de Marie MARTINEAU - à ma connaissance un tel mariage n'existe pas -  mais de Louis VINCENT et de Jeanne MARTINEAU, mariés au Tablier le 27 mai 1766. Ce sont d'ailleurs ces deux derniers qui sont mentionnés comme étant ses parents dans les deux actes de mariage cités ci-dessus ainsi que dans l'acte de baptême dont on va parler ci-après.

     On ne connait que deux enfants issus de Louis VINCENT et de Jeanne MARTINEAU : Jean VINCENT, baptisé à Rosnay le 19 juin 1772 mais dont les parents demeuraient au Fief du Tablier (vue 123/175), et  Louis VINCENT-BIGAUD : celui-ci peut-être né avant 1770 ( le premier acte de mariage en 1795 indiquant que les époux étaient alors majeurs), ou vers 1771 (si l'on se rapporte à son deuxième acte de mariage) ou encore vers 1773 (comme l'indique son acte, de décès). Pour l'instant je n'ai retrouvé qu'un seul acte pouvant peut-être le concerner (?) : la naissance d'un Louis VINCENT, fils de Louis et de Jeanne MARTINEAU, le 29 février 1776 au Fief du Tablier, suivi de son baptême à Rosnay le 1er mars (vue 159/175).

    Quant à la mère de Louis VINCENT-BIGAUD, Jeanne MARTINEAU, épouse de Louis VINCENT et fille de Pierre MARTINEAU et de Jeanne CURATTEAU, elle était encore mineure lors de son mariage en 1766, ce qui devrait situer sa naissance avant 1741.

     Si l'on en croit le récit d'Henri BOURGEOIS, cette Jeanne MARTINEAU devrait donc être celle qui fut brûlée vive dans le moulin à vent du Plessis à Rosnay. Seulement elle est décédée le 26 mai 1810, âgée 63 ans, au Fief du Tablier !  Bien que son acte de décès (vue 53/249) laisse supposer sa naissance en 1747, serait-elle cette Jeanne Suzanne MARTINEAU, baptisée à Rosnay le 18 janvier 1744 et dont les parents, Pierre MARTINEAU/Jeanne CURATTEAU, habitaient au Fief du Tablier (vues 55 et 57) ?

     A noter que le 29 thermidor an IX (17.8.1801), Jean DAVIET, marchand saunier à L'Etang du Tablier, fut condamné à une amende de 1,25 franc pour une affaire de bestiaux et chevaux " parqués dans le Fief du Fief ", que les témoins  - dont Jeanne MARTINEAU, veuve de Louis VINCENT, du Fief du Tablier, âgée de 50 ans (°vers 1751) - ont fait sortir mais qui ont fait " un tort considérable (Archives Vendée, L 2645, n° 54 et n° 55).

    Si la victime des républicains n'était pas Jeanne MARTINEAU, l'épouse de Louis VINCENT, le père du porte-drapeau Louis VINCENT-BIGAUD, qui pouvait-elle être ?

    Pour le récit de l'incendie du moulin du Plessis de Rosnay, H. BOURGEOIS ne nous dit pas formellement que le  locuteur d'A. de BREM, était le porte-drapeau Louis VINCENT-BIGAUD car ce dernier n'avait raconté à l'auteur des Notes qu'une partie des anecdotes qui avaient été consignées. Louis VINCENT-BIGAUD ne pouvant ignorer que sa mère était décédée  en 1810, une erreur s'est donc glissée dans la narration de cet événement et elle tient à peu de chose : une mauvaise prise de note, une erreur de recopie ...

    En effet si la mère de Louis VINCENT-BIGAUD se nommait bien Jeanne MARTINEAU, sa belle-mère, épouse de Nicolas BIGAUD (+ 1785), était également une Jeanne MARTINEAU, baptisée le 1er janvier 1738 à St Florent-des-Bois et qui serait décédée " en mai 1793, au Tablier ".  Ces date et lieu sont indiqués dans l'acte de mariage de sa fille, Marie BIGAUD, avec Louis GUERINEAU, à Avrillé, le 4 juin 1808 (15 Prairial an XIII, vue 47/311) qui précise en outre : " Comme le constate l'enquête faite par le juge de paix du canton des Moutiers les Mauxfaits, faits homologués par messieurs les juges et commissaire impérial du tribunal de première instance séant aux Sables d'Olonne le quatorze de ce mois " (14 Prairial an XIII ? ou plutôt 14 Floréal an XIII ?).

      Même sans avoir consulté le procès-verbal d'enquête qui se trouve sans doute aux Archives de la Vendée ( AdV 4 U 17/1-76 - Sous-série 4 U 17 - Justice de paix de Moutiers-les-Mauxfaits 1800-1959), je pense qu'il y a de fortes chances qu'il corroborerait le résultat de notre recherche.

 

2 commentaires:

  1. Vincent Pérocheau8 janvier 2021 à 22:25

    Ce témoignage concernant l'incendie du moulin du Plessis est suspect à plus d'un titre : la femme VINCENT, née MARTINEAU, a survécu à la guerre et le meunier, républicain selon A. de Brem, aurait été enfermé avec les autres et brûlé vif.
    Or le moulin appartient ou est exploité par Philippe Henri PASQUIER et ce dernier est "Vendéen".
    Ce moulin sera bien détruit car il prendra du bois pour sa reconstruction à un citoyen, sans autorisation a priori (voir plus bas).

    Documents qui le prouvent :

    - « La femme PASQUIER, demeurant au Plessis, commune de Rosnay, est la femme d’un dangereux brigand et qu’elle communique journellement tant avec son mari que tous les autres et qu’il est dangereux de laisser en liberté un individu qui peut nuire à la tranquillité et sûreté générale… » Elle sera conduite en maison d’arrêt : 23 mars 1794 - ADV L1351-1352
    [Il s’agit très probablement de Marie MARTINEAU(encore une MARTINEAU !) épouse de Philippe Henri PASQUIER mariés à Rosnay en 1778. Il est farinier au moulin du Plessis à Rosnay comme l’attestent plusieurs actes des registres paroissiaux de Rosnay.]

    - Un Jean PASQUIER de Rosnay (frère de Philippe Henri probablement) est détenu par les Républicains. Il est envoyé de Niort à Fontenay-le-Comte à une date inconnue (fin 1793-début 1794 ?) : ADLA (44) L1527.

    - BARBIER, Républicain de Rosnay, porte des accusations le 30 octobre 1796 contre Philippe Henri PASQUIER sur ses activités pendant la guerre civile comme avoir tué des volontaires et d’avoir pris du bois à un citoyen pour reconstruire son moulin : ADV L2275.

    - Philippe Henri PASQUIER apparait dans la liste des blessés de l’armée de CHARETTE. Il était cavalier, a reçu un coup de sabre et 1 balle à travers le pied et a 4 enfants : ADV 1M401.

    - Selon un soldat vendéen de Rosnay prisonnier à la Rochelle, PASQUIER, farinier à Rosnay, était courrier vendéen. Il s’agit sans doute de Philippe Henri qui était également cavalier comme on l’a vu plus haut : ADCM (17)

    - Avant l’insurrection, d’après A. de Brem et repris par Bourgeois dans "Vendée historique", les bourgeois de Rosnay voulaient contraindre ceux du Tablier à former une garde nationale comme eux. Finalement, convaincu par les gâs du Tablier, « un nommé PASQUIER, meunier de Rosnay (…) donna un coup de sabre dans le tambour de la garde nationale dont il était le commandant et se rangea de leur côté en disant "Au diable la garde national " ». Là encore il s’agit très probablement de Philippe Henri.

    Ce dernier et son épouse ont survécu à la guerre. En 1813 ils sont présents au mariage de leur fils Philippe Henri avec Marie Rose PEROCHEAU.

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  2. Merci Monsieur Pérocheau pour tous ces renseignements précis sur les PASQUIER, meuniers à Rosnay, pendant la Guerre de Vendée.
    Je n'ai retrouvé pour eux, dans les minutes notariales du Tablier d'avant la Révolution, qu'un seul acte :
    Partage entre François MARTINEAU, garçon majeur, Pierre PASQUIER, farinier, et Marie MARTINEAU, sa femme, François PASQUIER, aussi farinier et Marianne MARTINEAU, sa femme, demeurant tous ensemble au Plessis de Rosnay, de biens dépendant de la succession immobilière de François MARTINEAU, leur père et beau-père comprenant une maison et des terres au Plessis de Rosnay, mais pas de moulin (Répertoire de Me Bureau, notaire au Tablier : 10.8.1779, Minute : vue 391/410).

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